L’ancienne église érigée en 1781, située sur la croupe à la sortie du village en direction de Montreux-Château, approximativement à l’emplacement de l’ancienne forge Huggenberger, souffrait de défauts majeurs : elle était trop petite, délabrée et vétuste. En effet, la population du village s’était accrue depuis la création d’une gare-frontière située à Montreux-Vieux (Altmünsterol à l’époque), premier village à l’entrée de l’empire germanique après l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871. Afin de remédier à ces défauts, des solutions furent soumises aux autorités allemandes et à l’évêché : un projet d’agrandissement mais refusé par l’évêché qui estimait que le nombre de places gagnées n’était pas suffisant, et des projets de réparations, abandonnés car ils coûtaient trop chers. On en vint naturellement et progressivement au concept de construction d’une nouvelle église, belle solide et spacieuse.
L’architecte Schmitt de Mulhouse, à qui le maire Ferdinand Gevrier avait confié dès 1891-1892 l’établissement des premiers plans et projets, mourut subitement à l’automne 1895 (il fut pris d’un grave malaise à Montreux-Vieux lors d’une de ses visites professionnelles). Il fut alors remplacé par l’architecte A. Louvat, également de Mulhouse. Le 29 août 1896, Wilhelm Laible succéda comme maire à Ferdinand Gevrier. Comme il était allemand de souche, on espérait que son influence vis-à-vis des autorités impériales serait plus grande et qu’il obtiendrait plus facilement les autorisations requises. Ce fut chose faite fin 1896 et les travaux principaux, confiés à l’entrepreneur SCHWARTZ d’Altkirch purent commencer. La pose de la première pierre de la nouvelle Eglise eut lieu le 27 mai 1897, jour de l’Ascension. Les travaux menés à un bon rythme pour un bâtiment de cette importance furent achevés environ deux ans plus tard. L’édifice achevé mesure 14,10m de large à l’extérieur, 12,10m à l’intérieur et sa longueur extérieure est de 33,65m. Le nombre de places assises est de 324.
La naissance de la nouvelle église sera marquée par deux fêtes majeures : la bénédiction des cloches et sa consécration le 3 octobre 1899. Les cloches, au nombre de quatre ont été fabriquées par la fonderie de cloches Johann-Georg PFEIFER de Kaiserslautern. Leur baptême et leur bénédiction se déroulèrent le 21 juin 1899, jour de la fête patronale. La grosse cloche reçut le nom de MARIE et aurait été offerte par sa majesté Guillaume II. La deuxième fut prénommée JOSEPH, la troisième porte le nom du patron de la paroisse ALBAN et la plus petite s’appelle ODILE en hommage à la patronne de l’Alsace. Le « Directeur de musique » WITTBERGER de Colmar, fonctionnaire chargé de vérifier l’installation des cloches en 1900, met en relief les qualités sonores de l’ensemble : c’est un véritable enchantement musical lorsque les quatre cloches sonnent à toute volée ! Le 28 octobre 1900 se déroulera la bénédiction de l’orgue et du chemin de croix constitué de merveilleux tableaux polychromes en relief, entourés d’imposants cadres en bois peint. Le grand lustre majestueux fut mis en place le 12 août 1909, offert par le Maire Wilhelm LAIBLE. La pose des vitraux peut être considérée comme le point final de la construction de l’église. Ils furent réalisés, dans le style classique de l’époque, par la maison Ott de Strasbourg. Leur financement semble avoir été assuré essentiellement par des dons des fidèles, parfois seulement d’une ou deux familles plus riches sans doute, et qui ont eu le privilège de voir figurer leur nom sur le vitrail financé.
Durant la première guerre mondiale, des obus allemands, tirés dans le cadre de la bataille de Montreux-Jeune du 13 août 1914, visant sans doute l’artillerie française, déployée à Montreux-Vieux, sont tombés sur le toit de la sacristie, brisant un vitrail de la nef, et sur une corniche près du clocher trouant les abat-sons. Ce jour-là, 4 soldats français dont un capitaine, ont perdu la vie. La dizaine de bombardements exécutés par des avions allemands sur Montreux-Vieux, entre 1915 et 1917, firent de nombreuses victimes, provoquèrent d’importants dégâts aux maisons d’habitation mais l’Eglise fut relativement épargnée. La rénovation de ce vitrail, dans les années vingt, a permis d’inscrire les noms de 9 soldats morts à Montreux-Vieux pendant la Grande Guerre sur cette œuvre d’art et ainsi leur rendre hommage en les rappelant régulièrement à notre souvenir.
Lors d’une rénovation interne importante de l’église en 1974, beaucoup d’éléments disparurent tels que le maître-autel, les autels latéraux, la chaire, le banc de communion, un confessionnal, les lustres latéraux, l’encadrement des tableaux du chemin de croix, qui devinrent monochromes et le tableau du fond de l’église représentant l’ancienne église avec ses deux co-patrons Saint-Alban et Saint-Urbain. Mais la piéta qui, dit-on provient de l’ancienne église, a été conservée.
L’usure normale et les dégradations dues aux « outrages des ans » rendirent nécessaires la restauration de 1998. Le résultat est un ensemble plus clair, plus lumineux, d’aspect agréable au plan esthétique et plus confortable.
De plus loin qu’on puisse l’apercevoir, le village de Montreux-Vieux se reconnaît par deux monuments verticaux d’environ égale hauteur, se détachant dans le ciel : son château d’eau et son église.
Ancienne horloge de l'Église
Source : « Les trois Montreux » et
« Souvenirs de Montreux-Vieux 1914-1918 » de l’Abbé Behra
Archives (départementales, diocésaines, communales)
Registres paroissiaux de Montreux-Vieux
Pierre et Marie-Jeanne PIERRE
Le Conseil de fabrique de Montreux-Vieux