Située dans la Trouée de Belfort, à proximité du seuil de Valdieu, la localité de Montreux-Vieux, essentiellement agricole et catholique, se trouvait du fait de sa situation géographique sur les tracés des grandes réalisations d’infrastructure du début du 19ème siècle :
- le Canal du Rhône au Rhin, dont le bief de partage allait de Valdieu à l’ouest des deux Montreux, voyait passer les premières péniches dès 1833,
- la voie ferrée entre Belfort et Mulhouse était inaugurée le 15 février 1858.
Dès lors, en 1870, après la défaite de Sedan et l’annexion de l’Alsace au IIème Reich, le devenir du village était déjà scellé. Alors que la ligne de partage des eaux entre le Rhin et le Rhône s’imposait comme nouvelle frontière, le bief de partage du canal en disposait autrement pour quelques communes du secteur.
Afin de garder la maîtrise sur la voie d’eau, l’Allemagne annexera entre autres trois communes de la Sous-Préfecture de Belfort : Montreux-Vieux, Montreux-Jeune et Magny dont les bans communaux se rejoignent sur son tracé.
La petite gare de Montreux-Vieux initialement sans intérêt particulier, devenait alors gare-frontière et un développement très rapide du village s’ensuivait : de moins de 250 habitants avant 1870, la population doublait en moins de 2 ans, et le millier d’habitants était atteint avant la guerre de 1914-1918.
Des entreprises de nombreux commerces s’installaient. Des fonctionnaires en grand nombre (douanes, poste, chemin de fer…) essentiellement originaires d’Allemagne et de confession protestante, étaient accueillis dans d’importantes habitations construites rapidement autour de la gare qui allait s’étendre sur plus de 800m.
« En 1900, le voyage de Paris à Montreux-Vieux terminus des trains directs, dure environ 8h et le billet coûte 51,45 F en première classe. En 1912, la gare de Montreux-Vieux comprenait trois sections : la section voyageurs, les gares marchandises petite et grande vitesse. On y comptait 142 employés alors qu’il n’y en avait au même moment que 16 à Dannemarie et 26 à Altkirch. 105 744 titres de transport furent délivrés, autant qu’à Rouffach et environ 400 000 tonnes de marchandises furent traitées, autant qu’à Colmar ! Elle était pourvue d’un château d’eau, d’un pont tournant, d’un poste d’aiguillage principal qui commandait 44 blocs et de 5 grues. La gare comportait également un buffet avec deux restaurants : le « petit restaurant » réservé aux voyageurs des classes inférieures et le « grand restaurant » où les voyageurs de première et de seconde classe arrivant de France découvraient le luxe et la grandeur du Reich allemand. Décor Belle Epoque, sièges de cuir et de velours, lustres de cristal et lourdes décorations de bronze, service dans le plus pur style germanique, telle était l’image que le visiteur retenait de la gare de Montreux-Vieux. » 1
Montreux-Vieux était « libéré », dès août 1914, et placé sous administration militaire française. La Gare de Montreux-Vieux devenait incontournable pour tous les officiels venant sur le front dans le secteur du Sud Alsace.
1 Source : LOUGNOT Daniel, « La Belle Epoque des Trois Montreux » 1988 – FRANCE REGIONS
« Avec le rattachement de l’Alsace à la France après la guerre 1914-1918, la gare de Montreux-Vieux perdit son importance. Le magnifique buffet tomba en désuétude, la glacière n’avait plus de raison d’être ; elle fut encore louée un certain temps à un boucher et un restaurateur de la place puis tomba dans l’oubli. L’un des derniers à l’approvisionner fut M. Edmond BESANCON, garde-champêtre et paysan à ses heures, qui la convoyait du canal avec son tombereau et son cheval. Dans le même temps d’ailleurs la fabrication industrielle de la glace, distribuée régulièrement par les brasseries, s’était vulgarisée, et avait rendu inutile cette installation. Pendant des années, elle devint un lieu de prédilection pour les enfants de la localité. Elle fut démolie en août 1985 par la SNCF. » (Source : L’Alsace, 4 Août 1985)
Au fil des années, la gare voit ses installations peu à peu détruites ou abandonnées et il n’y a plus de personnel.
Desservie par plus de 40 trains par jour et fréquentée en 2012 par environ 125 voyageurs par jour, la gare de Montreux-Vieux a fait l’objet d’une modernisation et d’un nouvel aménagement de ses abords. En partenariat avec la Conseil Régional d’Alsace, la SNCF et Gares et connexions, la Commune a voulu faire de la gare un Pôle d’Echange intermodal, accueillant les clients en prenant en compte l’ensemble de leurs modes de déplacements, mais en privilégiant les modes doux. Le bâtiment-voyageurs a été racheté par la commune en 2013 en vue de réaliser un « Buffet de la Gare » au rez-de-chaussée du bâtiment.
Les travaux de réhabilitation du rez-de-chaussée du bâtiment gare en "Buffet de la Gare" se sont achevés en Juin 2016.